Le tabou de la santé mentale dans les communautés racisées

Crédit photo: Ümit Bulut

I 31.03.23 I IMANE CHARKAOUI

« Prie ». Lorsque tu ne vas pas bien, c’est la réponse que tu peux parfois entendre si tu es issu·e d’une famille croyante. Encaisser, être fort·e, ne rien dire, tel est le quotidien de certaines personnes, peu importe ce qu’elle traverse. Mais vers qui se tourner lorsque notre état de santé mentale n’est pas pris au sérieux ?  “Tu n’as pas à te plaindre, tu as un toit, tu es en bonne santé physique, tu as une famille”, “Tu devrais remercier Dieu pour ce que tu as” des phrases que nous avons pu entendre et qui peuvent être des barrières à la prise en compte de sa santé mentale. Prendre soin de sa santé mentale fait partie intégrante du bien-être général d’un individu et en est une composante essentielle. Mais, cela reste un sujet sensible à aborder dans certaines communautés, notamment au sein des communautés racisées alors qu’elles sont particulièrement touchées par les conséquences du trauma racial.

« Prie ». Lorsque tu ne vas pas bien, c’est la réponse que tu peux parfois entendre si tu es issu·e d’une famille croyante. Encaisser, être fort·e, ne rien dire, tel est le quotidien de certaines personnes, peu importe ce qu’elle traverse. Mais vers qui se tourner lorsque notre état de santé mentale n’est pas pris au sérieux ?  “Tu n’as pas à te plaindre, tu as un toit, tu es en bonne santé physique, tu as une famille”, “Tu devrais remercier Dieu pour ce que tu as” des phrases que nous avons pu entendre et qui peuvent être des barrières à la prise en compte de sa santé mentale. Prendre soin de sa santé mentale fait partie intégrante du bien-être général d’un individu et en est une composante essentielle. Mais, cela reste un sujet sensible à aborder dans certaines communautés, notamment au sein des communautés racisées alors qu’elles sont particulièrement touchées par les conséquences du trauma racial.

La santé mentale, un sujet qui reste tabou dans les communautés racisées ? 

Les personnes racisées qui souffrent de troubles mentaux peuvent avoir peur de chercher de l’aide en raison de la stigmatisation et de la peur d’être jugées ou ostracisées par leur communauté. Certain·es ont des obligations familiales et communautaires qui prennent du temps, de l’énergie et de la charge mentale et rendent plus difficile la prise en charge de sa santé mentale.  Dans certains cas, ces obligations peuvent également intensifier le niveau de stress et d’anxiété. Et cela, contribue à l’émergence de problèmes de santé mentale. 

L’origine du tabou sur la santé mentale dans les communautés racisées est complexe et multifactorielle. Elle peut être attribuée à des facteurs historiques, culturels, sociaux et religieux. Dans de nombreuses cultures africaines par exemple, la santé mentale a souvent été associée à la faiblesse ou à la folie d’où la stigmatisation et la discrimination associées aux troubles mentaux. L’héritage culturel et comment la santé mentale est perçue dans la communauté ont donc une influence sur le tabou créé autour de ce sujet. Dans certaines communautés, il peut y avoir une forte pression sociale pour maintenir les apparences ce qui peut décourager les personnes en souffrance à chercher de l’aide ou parler de leur situation.

Le tabou de la santé mentale dans les communautés racisées

Crédit photo: Anthony Tran

On peut aussi ne pas être conscient·es des symptômes de troubles mentaux ou ne pas savoir où chercher de l’aide. Si la santé mentale est un tabou dans sa propre communauté et sa propre famille quelqu’un qui a besoin de soutien psychologique n’aura pas le réflexe de se tourner vers un psychologue. Il peut aussi avoir une barrière entre le·la patient·e et le·la psychologue si iel n’a pas les outils pour traiter des sujets liés à l’identité culturelle, l’immigration, le racisme et les différents enjeux qui y sont associés (fétichisme, racisme intériorisé, colorisme, etc). D’où l’intérêt d’une approche comme l’ethnopsychiatrie, notamment pour les migrant·es primo-arrivant·es qui prend en compte les spécificités ethniques et culturelles.  La psychologie est un éventail de sujets et de problématiques. Tout psychologue n’est pas et ne peut pas maîtriser toutes les expériences, d’où la nécessité de représentation des personnes racisées au sein de cette profession.

Les effets du passé colonial sur la santé mentale

Le colonialisme est un déterminant social de la santé mentale car il a eu un impact profond sur la vie des populations colonisées, y compris leur santé mentale. Les peuples colonisés ont été contraints de renoncer à leurs terres, leurs ressources et leurs modes de vie traditionnels, ce qui a eu des effets dévastateurs sur leur santé mentale. La perte d’identité culturelle et de patrimoine peut engendrer un sentiment d’aliénation et de perte de repères qui peut entraîner une détérioration de la santé mentale.  Tout comme les formes de violence physique et psychologique, notamment la torture, la violence sexuelle et la discrimination raciale auxquelles ont été soumises les populations colonisées. L’impact significatif qu’a eu le colonialisme sur la santé mentale des populations colonisées et leur descendance a  persisté même après la fin du colonialisme. Cela souligne l’importance de tenir compte de l’héritage du colonialisme dans les politiques et les pratiques de santé mentale contemporaines.

Des alternatives non occidentales pour prendre soin de sa santé mentale 

Prendre conscience que nous avons besoin d’aide est un parcours du combattant. Le déni peut être une façon de se protéger. C’est un mécanisme de survie. Il est recommandé de consulter un professionnel de la santé mentale pour obtenir des conseils personnalisés sur les options de traitement appropriées. Il est important de ne pas oublier qu’il existe d’autres méthodes que les méthodes traditionnelles occidentales pour prendre soin de sa santé mentale.  Plusieurs pratiques de médecines douces, une médecine naturelle qui exclut les médicament, peuvent être bénéfiques pour la santé mentale. 

On retrouve parmi elles : 

  • la sophrologie : on visualise des images apaisantes en réalisant des exercices de respiration pour combattre le stress
  • l’aromathérapie : aide à combattre le stress à l’aide de plantes à usage aromatique contrairement à la phytothérapie qui utilise les plantes afin de créer un médicament
  • la méditation : peut aider à réduire le stress et l’anxiété, améliorer la concentration et la qualité du sommeil.
  • l’acupuncture : une pratique traditionnelle chinoise qui consiste à stimuler des points spécifiques du corps avec des aiguilles fines. Elle peut aider à soulager l’anxiété, la dépression et d’autres problèmes de santé mentale.
  • l’art-thérapie : une pratique qui consiste à utiliser l’art pour aider à exprimer et à traiter les émotions, les pensées et les sentiments.

Pour briser le tabou autour de la santé mentale et encourager sa prise en charge, il est important de sensibiliser les communautés à l’importance de la santé mentale et de fournir un accès facile et abordable aux différents types de pratiques pour prendre soin de santé mentale. On vous laisse avec cette vidéo de Sara El Attar avec qui on a évoqué le tabou autour de la santé mentale. Prenons soin de nous !

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