8 conseils à retenir de la basketteuse professionnelle Clarince Djaldi-Tabdi 

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I 28.06.23 I CHIGUECKY 

“Tu es grand·e, tu devrais faire du basket”, c’est une phrase que beaucoup de personnes grandes ont très souvent entendu. Clarince Djaldi-Tabdi n’y a pas échappé. “Je faisais tout, du judo, du théâtre… mais à chaque fois à l’école, on disait à mes parents “votre fille est grande, elle devrait faire du basket.” Sa grande taille l’a donc amené plus ou moins naturellement à s’intéresser au basket. L’amour du sport a fini par prendre le pas sur les injonctions, et les rêves de grandeur ont nourri l’ambition de cette championne de France. Dans cet entretien, l’athlète partage quelques apprentissages précieux tirés de son expérience en tant que femme noire, issue de l’immigration et sportive professionnelle.

I 28.06.23 I CHIGUECKY

“Tu es grand·e, tu devrais faire du basket”, c’est une phrase que beaucoup de personnes grandes ont très souvent entendu. Clarince Djaldi-Tabdi n’y a pas échappé. “Je faisais tout, du judo, du théâtre… mais à chaque fois à l’école, on disait à mes parents “votre fille est grande, elle devrait faire du basket.” Sa grande taille l’a donc amené plus ou moins naturellement à s’intéresser au basket. L’amour du sport a fini par prendre le pas sur les injonctions, et les rêves de grandeur ont nourri l’ambition de cette championne de France. Dans cet entretien, l’athlète partage quelques apprentissages précieux tirés de son expérience en tant que femme noire, issue de l’immigration et sportive professionnelle.

Apprendre à dire non

Quand on est immigré·e ou issu·e de l’immigration et qu’on a la chance de jouir de certains privilèges, on ressent parfois une pression à aller le plus loin possible, parce qu’on sait qu’on est l’exception qui confirme la règle et qu’on se doit de réussir pas seulement pour nous mais pour toutes celles et ceux qu’on représente. Ça a été le cas pour Clarince à des moments de sa carrière.  “Des fois, on ne te donne pas la possibilité de dire non, parce qu’on te dit qu’il y a une fille qui aimerait tellement être à ta place, donc ne gâche pas cette opportunité.”  Pour Clarince, ça a toujours été important de rester maîtresse de ses choix, de s’écouter et de voir le “non” comme une ouverture vers d’autres possibilités. “Parfois dire non permet de voir toutes les possibilités de ta vie.”

Le premier choix à faire, c’est ton bonheur”

Clarince Djaldi-Tabdi

Avoir un plan B

Même lorsqu’on a un objectif bien défini, qu’on y croit et qu’on se donne les moyens de ses ambitions, il est judicieux de préparer l’après et/ou une voie alternative. “J’avais conscience que j’ai réussi à faire mon chemin dans le basket, mais c’était important pour moi de me créer ma vie après le basket.” Malgré sa passion et son dévouement pour ce sport, Clarince tenait à faire des études à côté et à cultiver ses autres centres d’intérêt. 

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Prioriser son bonheur

Quand son corps est son outil de travail, une blessure peut être fatale. Clarince a connu une période compliquée tant physiquement que mentalement suite à une longue blessure qui l’a empêché de jouer. Ce qui lui a donné la force de continuer et de relativiser sur les potentielles trajectoires de sa carrière, c’est le soutien infaillible de sa mère et un important reminder. “Ce qui m’a aidé à relâcher la pression, c’est que ma mère me dise “si ça te rend malheureuse, tu peux arrêter. Le premier choix à faire, c’est ton bonheur.”

Trouver des inspirations auxquelles s’identifier

Comme on l’évoquait dans notre vidéo dédiée à la représentation, il est important de pouvoir voir des personnes qui nous ressemblent pour se projeter et élargir notre champ des possibles. « Notre génération n’avait pas beaucoup de représentations et a dû beaucoup s’adapter. Par exemple, quand tu voulais commander des vêtements sur un site en ligne, tous les modèles étaient blancs. Tu avais du mal à t’imaginer dans certains vêtements, mais ça te semblait normal.” C’est le fait d’avoir des modèles auxquels Clarince a pu s’identifier qui lui a permis de continuer à rêver. “Quand je suis rentrée à l’INSEP, on parlait beaucoup de l’équipe de France. Intégrer cette équipe, c’était l’objectif. Tu regardes des sportives auxquelles tu peux t’identifier comme Endy Miyem, Sandrine Gruda et tu as envie d’être à leur place. Voir qu’elles ont réussi à s’imposer à l’étranger m’a fait me dire que c’était possible. » 

ENDY MIYEM

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SANDRINE GRUDA

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WENDY RENARD

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Se regarder à travers ses propres yeux plutôt que ceux des autres

Dans le sport de haut niveau, il y a beaucoup de filles comme moi donc je me fonds dans la masse. Mais dans la vie de tous les jours, comme je suis grande, je ressens le regard des gens. Ça te pousse à te comparer, à te poser des questions.  À cause de moqueries j’ai été complexée par rapport à ma couleur de peau. J’ai la chance d’avoir ma mère, une belle femme noire à la peau ébène. Je la regardais avec inspiration et je me disais que la femme que j’aimerais devenir c’est ma mère. C’est un vrai exemple pour moi et je me suis toujours dit, si je suis elle dans le monde où je vis, je sais que je vais réussir. Le regard des autres a fini par m’impacter beaucoup moins, car je me regarde davantage à travers mes yeux. Aujourd’hui j’aime m’habiller, je mets des talons. Si les gens veulent se retourner, alors je vais leur donner une bonne raison de le faire.”

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Casser les codes et le statut quo

Clarince tient à assumer et mettre en avant sa féminité pour casser les codes de beauté dans un monde où les femmes noires athlètes sont régulièrement victimes de moqueries et misogynoir à l’instar de Serena Williams, l’une de ses principales sources d’inspiration. “Parmi les femmes qui m’inspirent, il y a Serena Williams, tant au niveau performance que confiance en elle. Je me retrouve en elle, car c’est une femme noire avec un corps athlétique qui s’est faite critiquer mais qui a su s’imposer et casser les codes de beauté. Aujourd’hui je fais partie de ces femmes noires qui peuvent être des représentantes dans le milieu du sport professionnel. J’ai envie de faire attention à mon image, me mettre plus en avant. Je suis une basketeuse noire qui aime s’habiller et j’assume la femme que je suis. Je ne veux pas être définie seulement comme un divertissement, une athlète performante parce que je sais que je suis plus que ça.”

Ne pas oublier d’où l’on vient

Dans le monde du sport professionnel, la question des binationaux revient régulièrement dans le débat public : représenter la France ou son pays d’origine ? “C’est un honneur pour moi de porter le maillot de France. Ça fait partie de ma culture mais je n’oublie pas d’où je viens. Quand je gagne la coupe de France et que ma mère m’appelle et me dit que ma famille au Tchad a fait la fête, c’est une fierté. À la fin, je représente tout le monde. Pour eux, je suis la première Tchadienne championne de France ! La France fait partie de mon histoire, le Tchad aussi. Quand je gagne, tout le monde gagne.”

Connaître sa valeur

Notamment à cause des stéréotypes et des discriminations, il est parfois difficile d’avoir conscience de sa valeur et de son potentiel. “On est souvent sa propre limite. Tout le monde a des opinions. À partir du moment où tu sais ce que tu vaux, tu arrives à avancer. Quand je me suis sous estimée, j’ai ralenti. Maintenant que je connais ma valeur en tant qu’athlète, en tant que femme, j’arrive à atteindre l’objectif que je veux. La seule chose que tu peux contrôler, c’est toi-même.”

Vous pouvez suivre l’actualité de Clarince Djaldi-Tabdi sur sa page Instagram.

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